Double baptême de parapente

Clermont, il y a peu de temps. Je suis avec attention les gestes de Sylvain, mon accompagnateur, mais ne dis mot. Après tout, c'est lui qui prépare notre parapente, et je ne voudrais pas le distraire en cet instant en lui posant des questions ! Lorsqu'il a mis la voile en place sur le sol, il m'aide à enfiler la "sellette" (une sorte de harnais qui se transforme en selle une fois en l'air), puis accroche son harnais au mien. Ca devient sérieux, là. On est prêts à partir. Je jette un dernier regard à ma femme, qui contrôle fébrilement que son harnais est bien ajusté. Quand elle me voit la regarder, elle fait semblant d'ajuster ses sangles d'un air nonchalant. Je suis toujours sidéré qu'elle ait décidé de me suivre dans cette équipée. Autour de nous, des parapentistes décollent en duo ou en solo. Enfin, Sylvain m'informe que le moment fatidique est venu. Je vois ma femme écarquiller les yeux l'espace d'un instant avant de se reprendre. Je lui souris. De toute façon, il est trop tard pour faire machine arrière ! Sur les conseils de Sylvain, je regarde bien devant moi et je commence à avancer. La voile se gonfle et arrive au-dessus de nous... Avec Sylvain attaché dans mon dos, je me mets à dévaler la pente. Mais ça ne dure qu'un instant. Et puis, d’un coup, la magie opère. Nous grimpons, les pieds dans le vide. Jamais je n'ai eu autant la sensation de voler. De mon siège, je profite d'une vue panoramique sublime. Le coin est déjà très beau vu d'en bas, mais alors en altitude, on touche au sublime. J'aperçois en dessous l'aile de ma femme. J'espère qu'elle va bien. Finalement, après 20 minutes de vol, mon guide m'annonce que nous amorçons notre descente. Et moins de cinq minutes plus tard, nous atterrissons tout en douceur. Difficile de redevenir un homme quand on a été oiseau. Je me retourne et vois la voilure se poser tristement dans l’herbe. Ca me fait penser à l'albatros de Baudelaire. Je viens à peine d'atterrir et pourtant, j'ai déjà envie de réitérer cette expérience. Mais ma dulcinée, à son retour, est encore plus exaltée que moi. Et ça continue aujourd'hui encore : elle regarde régulièrement les autres sites d'où l'on pourrait sauter ! Car il n'y a pas qu'à Clermont qu'on peut faire un vol en parapente. On en trouve un peu partout !